14 Mai 2000 La candidature de Bush attire l'attention sur les exécutions Par Sara Rimer et Raymond Bonner "Je crains que nous n'exécutions un innocent... Je crois que notre système a besoin d'être amélioré." Paddy Burwell, Comité des Grâces AUSTIN, Tex. -- Le Gouverneur George W. Bush est certain que les 127 personnes qui ont été exécutées au Texas depuis qu'il est Gouverneur étaient toutes coupables. "Je suis persuadé que chaque personne qui a été mise à mort au Texas, sous ma surveillance, était coupable du crime dont on l'a accusée, et a eu pleinement accès aux tribunaux", disait Mr. Bush dans l'émission "Meet the Press" sur la chaîne NBC News en février. Mais ici au Texas, l'état qui a exécuté le plus de condamnés sous le mandat de Mr. Bush, quelques-uns des fonctionnaires qui administrent la peine de mort, révisant les dossiers judiciaires, examinant les appels des détenus et les demandes de clémence, ne sont pas si confiants. Ces fonctionnaires, qui soutiennent la candidature de Mr. Bush à la Présidence et croient en la peine de mort, affirment dans une interview qu'ils croient que le Texas court le risque d'exécuter un innocent. "Je crois en la peine de mort et je ne veux pas causer en quoi que ce soit la défaite de George Bush aux élections", a déclaré Paddy Lann Burwell, gérant retraité d'Exxon, qui a été nommé par le gouverneur il y a deux ans au Comité Texan des Clémences et Libérations conditionnelles (Texas Board of Pardons and Paroles), qui examine tous les appels à la clémence des condamnés à mort et fait des recommandations au Gouverneur. Pourtant, lors d'une entrevue dans son ranch à Westhof, au Sud d'Austin, M. Burwell s'est dit préoccupé par la partialité du système judiciaire de l'état, mentionnant en particulier plusieurs cas où il dit que les plaignants semblaient plus rechercher des victoires, c'est-à-dire des condamnations à mort, que la justice. Dans l'ensemble, Mr. Burwell pense que le système est bien administré. "Mais je crains que nous n'exécutions un innocent," dit-il. "Chacun devrait savoir que c'est une éventualité. Je crois que notre système a besoin d'être amélioré." Un autre membre du Comité, Tom Moss, ancien fonctionnaire fédéral, mentionne son vote pour la clémence concernant Troy Farris, exécuté pour le meurtre d'un officier de police. L'affaire Farris, dit Mr. Moss, est l'un des deux cas où "il a vu quelque chose qui aurait pu indiquer qu'ils étaient innocents." Cynthia Tauss, juriste de formation, est aussi membre du Comité. Elle raconte avoir "pleuré toute la journée" après l'exécution de Farris. "Je n'étais pas sûre qu'il méritait la peine de mort," dit-elle. "C'est pourquoi j'ai voté pour une commutation." Il aurait fallu que la majorité des 18 membres du comité votent pour la clémence pour pouvoir faire une recommandation à Mr. Bush. Charles Baird, juge à la Cour des Appels Criminels du Texas jusqu'en 1998, était à Washington cette semaine pour annoncer la formation d'un comité national pour empêcher les exécutions injustes. Quand nous lui avons demandé s'il était d'accord avec Mr. Bush pour affirmer que personne n'avait été injustement exécuté sous son mandat, Mr. Baird a répondu : "Tout le monde au Texas prie et espère que c'est le cas. Mais je ne partage pas cet avis." Pour en avoir la certitude, ajouta-t-il, "il faudrait affirmer que ce système fortement faillible a fonctionné sans le moindre défaut." Mr. Baird, ainsi que d'autres juges, agents de l'application de la loi et spécialistes de la peine de mort, reconnaissent que certaines des conditions qui ont créé des doutes dans d'autres états et ont envoyé des innocents à la mort -- en particulier de mauvais avocats, le manque de ressources pour les avocats pour élaborer une bonne défense, et le zèle exagéré des plaignants -- sont très présentes au Texas. L'état a aussi des problèmes endémiques, notamment les juges élus qui sont sous pression politique pour infliger la peine de mort, et le processus accéléré des appels avec un taux faible d'annulation, qui trouble certains fonctionnaires et experts. Des risques inhérents au système -------------------------------- Personne ne peut pointer avec certitude un cas où un innocent a été exécuté ici depuis que le Texas a réintroduit la peine de mort en 1976. Les spécialistes de la peine de mort affirment qu'il est presque impossible de prouver l'innocence d'un condamné exécuté ; après l'exécution, les preuves cruciales qui pourraient prouver son innocence disparaissent, et les avocats et détectives préfèrent utiliser leurs ressources à sauver leurs clients qui sont encore dans le couloir de la mort. Mais le New York Times a étudié de près une demi-douzaine d'exécutions effectuées sous le mandat de George Bush -- interviewant notamment des jurés, des plaignants, des juges, des témoins et des co-accusés encore dans le couloir de la mort. Il apparaît clairement qu'un tel système judiciaire et législatif crée pour le moins le risque qu'un innocent soit envoyé dans le couloir de la mort. Bien que la majorité des fonctionnaires interrogés aient affirmé qu'ils croyaient que les personnes exécutées étaient coupables, ils ont remis en question certains aspects du système pénal qui a envoyé ces condamnés à la mort. Dans tout le pays il y a eu 87 disculpations dans les 27 dernières années, dont plus du tiers au cours des sept dernières années. Ces affaires ont éveillé une préoccupation grandissante quant aux exécutions. En janvier, le gouverneur de l'Illinois, George Ryan, un Républicain favorable à la peine de mort, a décrété un moratoire sur les exécutions le temps qu'une révision approfondie soit menée par le système de justice criminelle de l'état. Mr. Ryan, qui est le directeur de campagne de Mr. Bush, a décrit le système de son propre état, où 13 condamnés à mort ont été innocentés depuis 1987, dont 11 depuis 1994, comme "entaché d'erreur". Sept condamnés à mort ont été disculpés au Texas de 1983 à 1997 après qu'on a établi que des témoins avaient menti, s'étaient trompé, ou que les plaignants s'étaient mal conduits. L'an dernier, 13 états examinaient des projets de loi pour suspendre les exécutions. Interrogé à l'émission "Meet the press" pour savoir s'il suivrait l'exemple du Gouverneur Ryan, Mr. Bush a affirmé que non. A la question "pourquoi pensez-vous que Mr. Ryan a entrepris cette action ?" Mr. Bush a répondu : "Peut-être qu'ils ont eu des problèmes dans leurs tribunaux. Peut-être qu'ils ont eu des jugements partiaux." Le Gouverneur Bush a refusé notre demande d'interview pour cet article. Son conseiller principal en politique de justice criminelle, Johnny Sutton, a répondu à nos questions sur la justice criminelle et sur des cas particuliers de peine capitale dans une longue interview téléphonique. "Nous avons affaire à la dure réalité de la peine de mort, et nous prenons cette responsabilité très au sérieux", a dit Mr. Sutton, un ancien procureur. "C'est probablement la chose la plus importante que nous fassions dans le gouvernement du Texas. Le gouverneur la prend très au sérieux." Malgré des exemples manifestes de mauvaise défense dans des procès au Texas, notamment trois cas largement médiatisés d'avocats qui se sont endormis pendant le procès, la cour d'appel de l'état a annulé seulement huit condamnations à mort dans les cinq dernières années, confirmant les condamnations et sentences dans 256 cas, selon les statistiques de la cour. C'est le taux d'annulation le plus faible du pays en matière de peine capitale. A l'inverse, la Floride, qui est juste derrière le Texas avec la troisième plus forte population de condamnés à mort du pays, a un taux d'annulation de 50%. Celui de l'Illinois est de presque 30%. Dans l'affaire Farris, celle qui a fait éclater en sanglots Mme Tauss de la commission des grâces, la Cour des Appels Criminels a déclaré qu'il n'y avait aucune preuve légale permettant de relier Mr. Farris au crime ou de confirmer le témoignage des deux témoins clés contre lui. Mais le tribunal d'appel a maintenu la décision du jury. Alors, dans un mouvement très inhabituel, sept membres du Comité des grâces ont voté pour la clémence, mais dix s'y sont opposés et un s'est abstenu. Mr. Farris a été exécuté en janvier 1999. Pendant le mandat de Mr. Bush, le comité a accordé la clémence à seulement un prisonnier, d'après les statistiques officielles. Jusqu'à la fin avril il a rejeté 68 demandes de grâce. Le Texas, champion des exécutions --------------------------------- Depuis que George W. Bush a pris ses fonctions en 1995, le Texas a exécuté plus de deux fois plus de prisonniers que l'état suivant, la Virginie (52), et plus que les quatre états suivants réunis -- Missouri (31), Oklahoma (21), Caroline du Sud (20), Arizona (18). Le Texas a programmé douze exécutions pour mai et juin. Avec 462 condamnés à mort, le Texas est deuxième après la Californie, qui a 561 condamnés (par contre, la Californie a exécuté 8 personnes). Ann W. Richards, le Gouverneur libéral démocrate qui précédait Mr. Bush, avait présidé à l'exécution de 50 condamnés à mort, un record à cette époque. Contrairement à beaucoup d'autres états, les jurys au Texas n'ont pas la possibilité d'opter pour la perpétuité sans libération conditionnelle. Mr. Bush a été supplié par les groupes pour les droits des victimes. "Les familles des victimes exigent la fermeté", dit Dianne Clements, Présidente d'un groupe à Houston, "Justice pour tous". Son fils de treize ans, Zachary, a été tué il y a neuf ans dans un coup de feu accidentel. Mais le nombre exact d'exécutions au Texas, un état qui soutient la peine de mort avec acharnement, soulève des critiques. Les cas de deux condamnés à mort du Texas, David Spence et Odell Barnes, ont considérablement attiré l'attention de l'opinion nationale au moment de leur exécution (Mr. Spence a été exécuté en 1997, et Mr. Barnes il y a deux mois). Leurs avocats et des organisations de presse ont soulevé des doutes sur leur culpabilité. Dans le cas Spence, l'un des enquêteurs de l'état a exprimé ses doutes après le procès sur l'implication de Mr. Spence dans le meurtre dont il était accusé. Dans l'affaire Barnes, il y avait des doutes quant aux preuves légales. Dans les deux cas, il y a eu des accusations de mauvais procédés de la police. D'autres cas examinés par le New York Times soulèvent aussi des doutes persistants quant à leur culpabilité. Plus largement, ces cas mettent en évidence des défaillances systématiques dans l'administration de la peine de mort au Texas. L'une des ces défaillances typiques est le zèle exagéré de l'accusation. Dans le cas de James Lee Beathard, par exemple, qui a été exécuté en 1999, le procureur, lors d'un procès ultérieur, a stigmatisé le témoin principal contre Mr. Beathard comme menteur, et a proposé une version différente des culpabilités de ces meurtres. C'est peut-être le manque de ressources légales disponibles pour les personnes accusées de meurtre au Texas qui a scellé le destin de David Castillo, qui après avoir abandonné ses études et s'être appauvri, a été accusé du meurtre d'un marchand de vins. La défense de Mr. Castillo a été gênée par le refus de la cour de lui donner 600$ de plus pour payer un enquêteur, et ses avocats commis d'office n'ont pas réussi à produire des témoins qui auraient persuadé le jury de lui laisser la vie sauve. Il a été exécuté en septembre 1998. L'an dernier, le gouverneur Bush a mis son veto à un projet de loi pour la défense des indigents qui, selon ses partisans, aurait amélioré la qualité de la représentation dans les affaires criminelles. Ce projet aurait donné aux comtés l'autorité d'ouvrir des bureaux de défense publique (actuellement seule une poignée de comtés en a) et modéré le pouvoir des juges de nommer leurs amis et ceux qui ont contribué à leur campagne pour représenter les indigents. Pour un avocat qui exerce dans une petite ville, ces nominations peuvent être une source lucrative de revenus ; pour rester dans les bonnes grâces des juges qui les distribuent au compte-gouttes, certains avocats se sentent tenus de changer rapidement d'affaire. Le projet de loi aurait également exigé qu'un avocat soit nommé dans les 20 jours après la mise en accusation. Il n'y a pas de limite actuellement. A l'époque, Mr Bush avait justifié son véto en disant entre autres que cette loi n'aurait pas amélioré la représentation légale des pauvres. Interrogé sur ce projet de loi à "Meet the press", Mr. Bush a déclaré qu'il ne s'en souvenait pas, mais a insisté sur le fait qu'il était "favorable à un système de défense publique". Le Texas met aussi l'accent sur la rapidité des exécutions, aidé par une cour d'appels qui annule rarement les condamnations à mort et un comité des grâces qui n'a voté qu'une fois pour empêcher une exécution. Cet accent sur la rapidité a été fatal à Jerry Lee Hogue. Bien qu'il y ait eu de fortes preuves, notamment deux témoins visuels, de sa culpabilité dans l'incendie meurtrier pour lequel il avait été accusé, la veille de son exécution près de 20 ans après les faits, un agent de police a été rongé par le doute. Ce fonctionnaire, Joseph Stewart, qui enquêtait sur un autre incendie criminel à Wichita Falls, arrêta un homme qui se révéla avoir été sur les lieux de l'incendie pour lequel Mr. Hogue avait été condamné. Les deux incendies se ressemblaient de façon troublante, déclara Mr. Stewart dans une interview, et il appela plusieurs fois le bureau du Gouverneur Bush, demandant un report de l'exécution de trente jours pour pouvoir étudier ce nouveau fait. "Je ne suis pas avocat de la défense, je suis un gardien de la paix du Texas" dit Mr. Stewart, policier depuis l'âge de 21 ans, qui soutient la peine de mort et a voté pour Mr. Bush. Pour cette raison il pensait que le Gouverneur Bush l'écouterait. Il se trompait. Mr. Sutton affirme que le gouverneur a rejeté les supplications de Mr. Stewart parce que "la décision du jury était juste". L'exécution de Mr. Hogue le 11 mars 1998 a laissé à Mr. Stewart de sérieux doutes sur la façon dont la peine de mort est appliquée. "Etant agent de la force publique, je ne suis pas contre la peine de mort", a-t-il expliqué dans une interview au Commissariat du comté à Tiny Crowell. "J'avais toujours supposé qu'il y avait un bon nombre de vérifications et d'expertises contradictoires. J'ai eu une sacrée désillusion après ça." Un coup porté aux condamnés à mort ---------------------------------- Depuis 1995, l'état a nommé tous les avocats des condamnés à mort pour la révision qui suit la première condamnation. Mais la Cour des Appels Criminels contrôle la liste de ces avocats, et de nombreux défenseurs hautement qualifiés en matière de peine de mort n'y figurent pas. De nombreuses instances d'avocats nommés par la Cour ratent les délais cruciaux et font des appels en habeas qui n'apportent que peu, si ce n'est pas du tout, d'éléments légaux. Mr. Baird, qui a travaillé pour la cour d'appels de 1989 à 1998 et a révisé des centaines de cas de peine capitale, déclare : "Même dans des cas où les avocats s'étaient réellement donné du mal et avaient travaillé dur pour représenter leurs clients, on ne leur donnait pas les fonds nécessaires pour que cette représentation soit efficace." Mr. Baird, membre du parti Démocrate, n'a pas été réélu à la Cour et enseigne maintenant le droit. Jusqu'en 1996, les condamnés à mort au Texas avaient accès à un centre de défense ("resource center") financé par des ressources fédérales, dont les avocats prenaient en charge les appels, aidaient les cabinets d'avocats bénévoles pour ces appels, et surveillaient tous les cas de condamnation à mort pour être certains que tout le monde avait un avocat. Le centre du Texas, qui a aidé plusieurs condamnés à être disculpés, a été fermé quand le congrès a cessé de le financer. Elisabeth Semel, qui dirige le Projet de l'Association du Barreau Américain pou la Représentation des Condamnés à mort, finance deux avocats pour le service non-lucratif de défense du Texas, mais elle affirme que son effort est très loin de compenser la perte du "resource center". D'autres états offrent des moyens considérables aux condamnés à mort qui cherchent à établir leur innocence. Par exemple, la plupart des états ont des bureaux "post-conviction". L'Illinois, après la fermeture de son "resource center" fédéral, a ouvert un bureau "post-conviction" financé par l'état. L'Illinois a aussi une tradition de cabinets privés d'avocats qui travaillent bénévolement sur les cas de peine capitale. Par ailleurs une école de journalisme de l'Université Northwestern se spécialise dans l'étude des dossiers des condamnés à mort qui clament leur innocence. C'est avec ce système que des preuves ont été établies qui ont innocenté 13 condamnés à mort en Illinois depuis 1987. Le Comité des grâces critiqué ----------------------------- Le comité des grâces du Texas, autre institution qui est censée servir de garde-fou contre l'exécution d'un innocent, a été critiquée pour le fait qu'il se réunit en privé, vote par fax, et n'a pas à motiver ses décisions. Les membres du comité sont nommés par le gouverneur pour une période de six ans. Le Juge Sam Sparks de la Cour Fédérale de District à Austin, qui dirigeait en décembre 1988 un procès intenté par des condamnés à mort, a qualifié les procédures du comité de "consternantes", et soutenait qu'il remplissait difficilement le rôle minimal de garde-fou procédural exigé par la constitution des Etats-Unis. "Le comité pourrait accomplir ses devoirs de façon plus juste et plus précise, sans que ce soit un sacrifice à son idéologie conservatrice", notait le juge. Il ajoutait que c'était au pouvoir législatif du Texas de faire les changements nécessaires. Le Gouverneur Bush a répondu qu'il ne voyait pas le besoin de faire des changements. C'est peut-être parce que le taux de clémence est si bas que les avocats ne mettent pas toujours toute leur énergie à la demander, dit un ancien avocat du bureau général de conseil du gouverneur entre 1989 et 1998, Jim Sallans, qui a examiné des centaines de demande de clémence de condamnés à mort. Il déclare qu'il "soutient la façon dont le gouverneur Bush traite la clémence en matière de peine capitale" et qu'il n'a aucun doute sur le fait que toutes les personnes exécutées sous Mr. Bush étaient coupables. Mais il reconnait que la préparation des demandes de grâce et la qualité de la représentation légale de certains condamnés qui font leur dernier appel à la clémence laissent souvent à désirer. "Trop de demande de grâce ont été préparées à la hâte, et mal rédigées", dit Mr. Sallans. "Souvent les avocats nous téléphonent et nous demandent une réponse, et invariablement nous leur disons poliment que nous faisons de notre mieux avec le peu qu'ils nous ont soumis." Le Gouverneur Bush, qui n'a jamais assisté à une exécution, pèse toutes les demandes de grâce, ainsi que les autres cas de condamnation à mort, parfois quelques jours avant l'exécution, parfois le matin de l'injection létale. Ses pouvoirs sont limités par les recommandations du comité des grâces, par contre il peut de son propre chef accorder un délai supplémentaire de 30 jours. Il ne l'a jamais fait. Pour finir, à la différence de beaucoup d'autres états, il n'y a au Texas aucun bureau qui suit systématiquement les cas des presque 500 condamnés à mort. Tandis que le rythme des exécutions s'accélère, avec 20 exécutions programmées pour les quatre prochains mois, une poignée d'avocats spécialisés en matière de peine de mort se bat pour mener de front le plus d'affaires possible. L'un d'eux est Maurie Levin, qui fait tourner à elle seule une branche du service de Défense du Texas à Austin qui traite les appels après condamnation à mort, avec le financement du Projet de l'Association du Barreau Américain pour la Représentation des condamnés à mort. "Les journalistes ne cessent d'appeler en demandant : 'Vous avez un cas d'innocence ?' " nous a dit Mme Levin l'autre jour. Elle a levé les mains en signe de frustration. "Comment pourrions-nous le savoir ?"